Alaa, élève Passeport de Saint John, au Nouveau-Brunswick, a fait des centaines de dessins, peint d’innombrables toiles et pris des tonnes de photos. Toutefois, parmi ses croquis, portraits et magnifiques paysages, il y a une œuvre qui, selon elle, se démarque particulièrement des autres : un dessin fait avant que sa famille s’installe au Canada.
Elle l’a réalisée pendant la dernière entrevue d’immigration passée par sa famille, au Liban, près de deux ans et demi après l’envoi de la première série de longs documents d’immigration par son père. Pendant que ses parents répondaient aux questions, Alaa et ses quatre frères et sœurs ont reçu du papier et des crayons et l’intervieweuse leur a dit qu’ils pouvaient laisser aller leur créativité.
Alaa a dessiné sa famille dans un avion et a tracé un petit carré dans le coin inférieur de la page.
Elle se souvient que l’intervieweuse lui a demandé si elle pouvait expliquer ce que le dessin signifiait.
Pointant le carré, Alaa a dit : « C’est la façon dont nous vivons ici. »
Le carré représentait la petite pièce exiguë, au Liban, qu’elle appelait « maison » depuis environ cinq ans. La famille d’Alaa y avait emménagé quand elle avait huit ans, environ deux ans après le début de la guerre en Syrie.
Puis Alaa a pointé l’avion.
« Ça, c’est l’avenir. »
Au Liban, la sécurité était évidemment une préoccupation, mais Alaa dit que sa famille est partie principalement à cause des traitements médicaux coûteux de sa mère.
« C’est le dessin qui restera dans mon cœur pour toujours. Il est gravé dans ma mémoire parce que c’est à ce moment que l’intervieweuse nous a dit que nous allions recevoir un autre appel et que nous aurions notre visa pour le Canada. »
La famille d’Alaa est arrivée à Saint John en 2016.
Selon elle, un des plus grands défis en arrivant a été d’apprendre l’anglais.
« C’était très difficile parce que je suis une personne extravertie, mais je ne connaissais pas la langue. Si vous voulez faire des choses et agir dans la communauté, la seule barrière que vous devez surmonter est celle de la langue. C’était vraiment très difficile pour moi de créer des liens avec d’autres personnes, mais je me suis dit : “Ça suffit. Nous allons peut-être vivre ici pour le reste de nos vies, alors je dois apprendre l’anglais.” »
Elle dit qu’il lui a fallu près d’un an avant de se sentir à l’aise de parler anglais et qu’elle a été heureuse de trouver des amis qui l’ont laissée s’exprimer et faire des erreurs.
« Ça aurait été plus difficile pour moi si j’avais eu un interprète. C’était une bénédiction de ne pas avoir quelqu’un qui traduise pour moi parce que je devais aller de l’avant et essayer de parler aux autres. Si j’avais eu un interprète, je me serais contentée de le laisser traduire et m’aider. »
Alors qu’elle entame sa 11e année, Alaa est toujours passionnée par les arts. Elle utilise maintenant l’appareil photo de son téléphone pour faire de la photo, et fait aussi de la peinture à l’huile et de l’aquarelle.
« Je suis des cours d’art à l’école et, si j’avais l’occasion de m’inscrire à des cours d’art à l’extérieur, c’est certain que je le ferais. »
Alaa fait aussi des arts dans le cadre du programme Passeport pour ma réussite.
Par l’intermédiaire de Passeport, elle a organisé une collecte de fonds pour un hôpital pédiatrique local. Elle a vendu ses œuvres d’art et ses photos à l’école, dans le cadre d’événements publics et à des entreprises.
« J’ai été très heureuse de le faire et, grâce à la vente des œuvres d’art et des photos, j’ai récolté 350 $, dit Alaa. J’aimerais refaire quelque chose comme ça cette année ou l’an prochain. »
Par l’entremise de Passeport, Alaa a appris l’existence de Shad, un programme de STIAM et d’entrepreneuriat pour les élèves de 10e et 11e année, et a été encouragée à s’inscrire. Shad aide de jeunes Canadiens à exploiter leur plein potentiel grâce à un programme novateur d’un mois offert dans des universités partenaires au pays. Pendant ce mois, les élèves appliquent les STIAM à des enjeux réels liés aux politiques publiques et à l’entrepreneuriat, notamment en relevant un défi de conception dans le cadre duquel ils doivent se pencher sur des questions comme l’insécurité alimentaire, la gestion de l’eau ou les déchets.
Quand elle a été acceptée, Alaa dit que ses parents étaient emballés, mais aussi un peu nerveux parce que ce serait la première fois qu’elle monterait seule à bord d’un avion.
« Ils ont examiné les documents et passé en revue avec moi ce qu’il fallait faire si je me perdais ou si je manquais mon avion. Je me suis sentie plus à l’aise et Shad en valait vraiment la peine. »
Alaa dit qu’elle ne peut pas nommer un atelier ou une activité qu’elle a préféré, mais qu’elle a vraiment aimé se rendre à une clinique vétérinaire et apprendre à faire des points de suture. En fait, elle a aimé tous les ateliers scientifiques et espère poursuivre une carrière médicale pour pouvoir aider des gens qui, comme sa mère, ont des problèmes de santé.
« C’est certain que je vais mettre les bouchées doubles parce que je veux être une des meilleures élèves de l’école. Je vais vraiment travailler très fort dans mes cours cette année, apprendre beaucoup de nouvelles choses et essayer de les partager et d’aider la communauté. »
Nous sommes fiers de nous associer au programme d’apprentissage immersif primé Shad et d’envoyer des élèves Passeport de partout au pays le suivre, et nous sommes reconnaissants de l’engagement de Shad à nous aider à combler le fossé des possibilités pour les élèves issus de communautés à faible revenu en offrant une bourse complète qui comprend les déplacements à tous les élèves Passeport participants.
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